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Santé

La fumée secondaire serait associée aux migraines intenses de non-fumeurs

durée 15h30
12 décembre 2023
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Par La Presse Canadienne

Une exposition importante à la fumée secondaire est associée à des maux de tête ou des migraines graves chez des personnes n'ayant jamais fumé, indique une étude publiée récemment par des chercheurs chinois. 

La même association n'a toutefois pas été constatée lors d'une exposition modeste à la fumée secondaire. 

«Ce qui est très intéressant, a dit le docteur François Perreault, de la clinique des céphalées du CHUM, c'est surtout qu'ils ont mesuré les taux de cotinine, le métabolite du tabac, ce qui fait en sorte qu'on peut vraiment voir à quel point l'exposition au tabac vient influencer la migraine.» 

Les chercheurs ont en effet constaté une association positive entre un taux sanguin de cotinine qui oscillait entre 1 et 10 ng/mL et des maux de tête ou des migraines intenses. La même association n'a pas été vue lorsque le taux sanguin de cotinine allait de 0,05 à  0,99 ng/mL. 

L'étude ne quantifie toutefois pas l'intensité de ces migraines ou de ces maux de tête, a souligné le docteur Perreault. Les chercheurs ont simplement demandé à leurs participants s'ils avaient souffert d'une migraine ou d'un mal de tête au cours des derniers jours, sans plus. 

L'intensité d'une migraine peut grandement varier, a rappelé le docteur Perreault, allant d'une douleur modérée qui a quand même un impact fonctionnel à une migraine tellement intense qu'il est impossible de sortir de la maison. 

«L'intensité de la migraine n'est pas corrélée (dans cette étude-là), mais on sait que de gros maux de tête peuvent être causés (par la fumée secondaire)», a-t-il dit. 

L'étude ne précise pas non plus s'il s'agissait d'une exposition ponctuelle ou prolongée à la fumée secondaire. La mesure de cotinine dans le sang est en revanche une donnée intéressante, a-t-il estimé, puisqu'elle est beaucoup plus objective qu'une estimation, par exemple, du temps passé dans une salle enfumée. 

Les gens qui vivent avec des migraines savent d'emblée qu'ils doivent éviter les odeurs fortes qui pourraient déclencher leur mal. 

Dans le cas de la nicotine, a expliqué le docteur Perreault, on parle d'une substance aux  propriétés inflammatoires. Et lorsqu'on sait que le cerveau, lors d'une crise de migraine, est déjà submergé par une vague de substances inflammatoires qui viennent surstimuler les récepteurs de la douleur, on comprend l'importance de ne pas en rajouter. 

«La nicotine va venir déclencher la relâche d'autres facteurs inflammatoires qui viennent causer une espèce de vasodilatation, et on sait que cette dilatation entraîne encore plus de douleur, a-t-il précisé. 

«Cette dilatation fait relâcher d'autres facteurs inflammatoires, donc c'est une espèce de cercle vicieux (qui) vient favoriser toute cette soupe inflammatoire dans laquelle le cerveau baigne.» 

Cette étude met la table pour d'autres recherches qui approfondiront l'association entre la fumée secondaire et les migraines, a précisé le docteur Perreault. 

«Ça serait intéressant de voir si une exposition secondaire prolongée à un degré élevé de nicotine favorise la chronicité de la migraine. Est-ce que ça favorise, dans le fond, le développement de grosses migraines?» a-t-il demandé. 

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical Headache. 

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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