Une équipe canadienne a découvert que Saturne compte 128 lunes supplémentaires


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Par La Presse Canadienne, 2024
VANCOUVER — Des chercheurs canadiens et étrangers ont confirmé que Saturne est la «reine lunaire» incontestée du système solaire, après avoir découvert 128 lunes supplémentaires en orbite autour de la planète aux anneaux.
Cette découverte, réalisée par une équipe comprenant des astronomes actuels et anciens de l'Université de la Colombie-Britannique, porte le total de Saturne à 274, soit près de deux fois plus que toutes les autres planètes de notre système solaire réunies. Jupiter est loin derrière avec 95 lunes.
«Selon nos projections, je ne pense pas que Jupiter rattrapera un jour son retard», a déclaré le chercheur principal Edward Ashton, titulaire d'un doctorat en astronomie de l'Université de la Colombie-Britannique et actuellement chercheur postdoctoral à l'Institut d'astronomie et d'astrophysique Academia Sinica de Taïwan.
Ces résultats, ratifiés mardi par l'Union astronomique internationale, font suite à une bataille de plusieurs décennies pour déterminer laquelle des deux plus grandes planètes du système solaire possède le plus de lunes.
Brett Gladman, professeur d'astronomie à l'Université de la Colombie-Britannique et coauteur d'un article à paraître sur la découverte, a déclaré qu'il était maintenant certain que Saturne possède le plus grand nombre de lunes.
Les nouvelles découvertes ne mesurent que quelques kilomètres de diamètre, les plus petites ne mesurant que deux kilomètres de large.
Selon M. Gladman, il s'agit probablement de «restes» de collisions entre de plus grandes lunes ou avec des comètes de passage, survenues récemment à l'échelle cosmique, au cours des 100 dernières millions d'années environ.
«Le fait que les petites lunes soient toujours présentes en abondance nous indique que la collision n'a pas pu se produire il y a des milliards d'années. Elle doit être relativement récente, sinon nous n'observerions pas l'abondance de petites lunes», a-t-il affirmé.
Il a ajouté que les petites lunes auraient fini par être «épuisées» si les collisions s'étaient produites il y a plus de 100 millions d'années.
Il a précisé qu'un groupe de lunes récemment découvertes se situe près du sous-groupe appelé Mundilfari, ce qui a amené les chercheurs à soupçonner qu'une «collision catastrophique» a brisé une lune aujourd'hui détruite, laissant derrière elle Mundilfari comme le plus gros fragment et un grand nombre de petites lunes sur des orbites similaires.
La découverte des nouvelles lunes a été réalisée grâce au télescope Canada-France-Hawaï, un télescope optique de 3,6 mètres installé au sommet du volcan éteint Mauna Kea, à Hawaï.
L'équipe avait précédemment utilisé ce télescope pour découvrir 62 autres lunes saturniennes, une découverte confirmée en 2023 qui a propulsé la planète au-delà de la lune de Jupiter. Compte tenu de la probabilité d'autres lunes à découvrir, les scientifiques ont revisité les mêmes champs célestes de septembre à novembre 2023. Ces efforts ont porté leurs fruits.
L'aboutissement de six années de travail
M. Gladman a qualifié cette dernière découverte d'aboutissement de six années de travail, l'équipe ayant repoussé les limites techniques pour rechercher des lunes plus faibles et plus petites autour de Saturne.
Il a expliqué que les chercheurs ont utilisé une technique de «décalage et d'empilement», permettant d'additionner plusieurs images afin d'améliorer les signaux faibles le long des trajectoires orbitales connues.
«Cela demande beaucoup de patience, mais nous sommes ravis que cette campagne soigneusement planifiée ait été couronnée de succès», a affirmé M. Gladman.
Les lunes de Saturne récemment découvertes sont classées dans la catégorie des «lunes irrégulières», c'est-à-dire des objets gravitant autour de planètes géantes sur des orbites inclinées, très elliptiques et rétrogrades.
«Toutes ces lunes que nous avons découvertes se trouvent aux confins de la bulle spatiale autour de Saturne, dans laquelle les lunes peuvent orbiter», a souligné M. Gladman.
L'équipe dirigée par MM. Ashton et Gladman comprenait également Mike Alexandersen, du Centre d'astrophysique Smithsonian de Harvard, et Jean-Marc Petit, de l'Observatoire de Besançon.
Pourrait-il y avoir d'autres lunes dans l'espace? M. Gladman a fait savoir que la technologie actuelle avait été poussée aussi loin que possible dans la recherche autour de Saturne et de Jupiter.
Il a précisé que les nouvelles lunes ne sont pas encore prêtes à être nommées, un processus qui implique d'abord la vérification de leurs orbites auprès de l'Union astronomique internationale.
Nono Shen, La Presse Canadienne