Les néo-démocrates du Québec, réunis en congrès, courtisent les électeurs bloquistes
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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh fait valoir que voter pour un bloquiste équivaut à tenter de faire élire un «député symbolique», lui qui souhaite convaincre des électeurs du Bloc québécois de se tourner vers sa formation politique.
M. Singh s'adressera samedi à des militants québécois du Nouveau Parti démocratique (NPD) qui se réunissent pour le week-end à Gatineau. Le Bloc, qui mène haut la main dans les intentions de vote au Québec, sera la cible première de ses attaques durant son discours.
«Si (les électeurs) veulent vraiment avoir des changements pour améliorer la vie des gens, pour aider les travailleurs, on a montré que c’est nous. Et un député du Bloc, c'est plus ou moins un député symbolique», a dit le chef du NPD à La Presse Canadienne au cours d'un entretien accordé dans son bureau de la colline parlementaire.
Selon M. Singh, les bloquistes ont apporté «pas grand-chose» ou «presque rien» aux Québécois sous le gouvernement minoritaire des libéraux de Justin Trudeau, alors que son parti a fait des gains pour les aider à joindre les deux bouts.
Dans son allocution de samedi, le chef néo-démocrate mentionnera que la NPD respecte «le droit à l'autodétermination» des Québécois, à qui revient le choix de demeurer au sein de la fédération canadienne ou non.
«Donc on va essayer de convaincre les gens. On respecte votre droit, vous avez un choix, mais pour changer la vie des gens, le Bloc ne veut pas et ne va jamais former le gouvernement. Ce n'est pas leur but.»
Un récent sondage Abacus montre que les néo-démocrates ont dépassé les libéraux dans leurs appuis nationaux à l'extérieur du Québec (21 % contre 19%), pendant que les conservateurs maintiennent leur forte avance (43 %). Or, au Québec, le portrait est tout autre puisque le NPD arrive au quatrième rang et ne récolte que 10 % de soutien.
«Ça veut dire qu'il y a du travail à faire au Québec. (...) On doit injecter plus d’énergie, on doit montrer que oui, on peut défaire les conservateurs», commente M. Singh.
À ses côtés, son seul député du Québec, Alexandre Boulerice, estime que le NPD a un plus grand «potentiel de croissance» dans la province que les troupes de Pierre Poilievre.
«Dans les derniers sondages que j'ai vus, on est aussi les premiers dans le deuxième choix des gens», a soutenu celui qui est aussi chef adjoint du NPD.
MM. Singh et Boulerice se disent encouragés par les résultats de la récente élection partielle dans LaSalle-Émard-Verdun, et ce, même si leur candidat Craig Sauvé a mordu la poussière.
«C'était une égalité statistique, en fait, et je pense que ça peut nous servir de tremplin pour beaucoup d'autres circonscriptions au Québec», croit M. Boulerice.
La course dans LaSalle-Émard-Verdun a été très serrée, le bloquiste Louis-Philippe Sauvé l'emportant avec 28 % d'appui, chauffé par les libéraux (27,2 %) et le NPD (26,1 %).
«Je pense que cette expérience a montré qu’il y a un "momentum" à Montréal et (...) qu’on peut gagner», renchérit M. Singh.
Il voit le congrès de la section Québec du NPD comme «un autre pas» de ce «momentum».
«Les gens ne s'en souviennent pas nécessairement, mais la vague orange avec Jack Layton, c'était sa quatrième élection comme leader. Donc, des fois on sème des graines comme ça dans l'esprit des gens, on a des propositions qui résonnent et ça ne fait pas toujours bouger les aiguilles des sondages tout de suite, tout de suite», a affirmé M. Boulerice.
Une vague orange pourrait-elle se reproduire un jour, selon les néo-démocrates? «C'est toujours possible, c'est extrêmement possible», a répondu le député québécois du tac au tac. De là à s'avancer sur le moment de cette remontée fulgurante des néo-démocrates tant souhaitée, M. Boulerice ne se risque pas à sortir une boule de cristal.
Selon M. Singh, le Québec est particulier quant au reste du Canada. «Si on regarde les autres provinces et territoires, le Québec est la province où tout peut charger. C'est la province où il y a une ouverture des gens à changer de position», estime-t-il.
Il reste à voir quand arrivera la prochaine élection fédérale. Pour faire tomber le gouvernement, les trois principaux partis d'opposition devront unir leurs forces en défiant le gouvernement minoritaire libéral avec l'adoption d'une motion de censure. Jusqu'à présent, les motions de ce type soumises par les conservateurs ont été battues, le NPD et les bloquistes s'y étant opposés.
Émilie Bergeron, La Presse Canadienne