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Les droits de douane créent des inquiétudes dans le secteur de la santé

durée 21h53
13 mars 2025
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

TORONTO — Des associations de santé exhortent les gouvernements à veiller à ce que les patients canadiens ne soient pas pris entre deux feux dans la guerre commerciale en cours avec les États-Unis.

«Les droits de douane annoncés sur les exportations canadiennes, ainsi que les mesures de rétorsion imposées par le Canada aux États-Unis, entraîneront probablement des risques importants pour le système de santé de l'Ontario, notamment la perturbation de l'accès à l'équipement et aux fournitures essentiels», a prévenu Melissa Prokopy, vice-présidente des politiques et de la défense des intérêts de l'Association des hôpitaux de l'Ontario (OHA), dans un courriel adressé à La Presse canadienne jeudi.

«L'OHA est très préoccupée par l'impact de cette guerre commerciale sur la prestation des soins et collabore avec les gouvernements fédéral et provinciaux et d'autres intervenants afin de bien comprendre et de minimiser l'impact sur les hôpitaux», a-t-elle déclaré, soulignant que beaucoup d'incertitudes subsistent dans le climat politique en constante évolution.

Christine Donaldson, présidente-directrice générale de HealthPRO Canada, qui achète des médicaments, des fournitures et de l'équipement pour plus de 2000 hôpitaux, établissements de santé et foyers de soins de longue durée partout au pays, a indiqué que l'entreprise cherche également à obtenir des éclaircissements sur d'éventuels contre-tarifs.

«Nous soutenons le gouvernement, vous le savez, sur le fait que les droits de douane américains ne peuvent rester sans réponse. Cependant, les soins de santé doivent être protégés», a soutenu Mme Donaldson lors d'une entrevue, jeudi.

«Nous demandons l'exemption des produits de santé de toute mesure de rétorsion tarifaire. Cela sera essentiel pour préserver la stabilité de la chaîne d'approvisionnement et prévenir toute hausse des coûts», a-t-elle ajouté.

Mme Donaldson a comparé le processus de fabrication de nombreuses fournitures médicales à celui de l'industrie automobile, où les matières premières et les composants traversent souvent la frontière américaine «plusieurs fois avant d'atteindre leur stade de production final».

Bien que l'on ne sache pas encore quels produits pourraient être concernés par de futures mesures de rétorsion, Mme Donaldson a pointé que certains médicaments essentiels, dispositifs médicaux et équipements d'imagerie diagnostique – notamment les scanneurs IRM et TDM, les instruments chirurgicaux et les respirateurs – proviennent souvent de fabricants américains.

Des contre-tarifs sur les aliments, les matelas et autres biens non médicaux pourraient également affecter les hôpitaux, a-t-elle noté. Des organismes de charité et des associations du secteur de la santé expriment également leurs inquiétudes quant à l'impact de la guerre commerciale sur les patients.

Glenn Thibeault, directeur général des affaires gouvernementales, de la défense des intérêts et des politiques pour Diabète Canada, a déclaré que l'organisation recevait des appels de personnes inquiètes de la hausse des coûts de «fournitures essentielles à la survie», comme les médicaments, les bandelettes réactives, les glucomètres en continu et les pompes à insuline.

«Le diabète est malheureusement une maladie chronique très coûteuse», a-t-il indiqué, notant que les personnes atteintes de diabète de type 1 qui ne bénéficient pas d'une couverture d'assurance doivent déjà assumer des frais pouvant atteindre 18 000 $ par an.

Diabète Canada, ainsi que d'autres organismes du secteur de la santé, ont discuté de leurs préoccupations avec le ministre fédéral de la Santé, Mark Holland et tentent de s'assurer que les matériaux utilisés pour l'emballage des médicaments et la fabrication des dispositifs médicaux ne soient pas inclus dans les futures séries de contre-tarifs, a rapporté M. Thibeault.

Il a ajouté que le ministre Holland a assuré les associations de santé qu'il entendait leurs préoccupations.

Dans un système d'approvisionnement mondial, la fabrication de produits pharmaceutiques et de dispositifs médicaux implique souvent plusieurs pays. Il pourrait donc être difficile d'identifier tous les composants spécifiques transitant par les États-Unis et susceptibles d'être soumis à des contre-tarifs, a expliqué M. Thibeault. «Nous ne voulons surtout pas de conséquences imprévues, n'est-ce pas?»

Par exemple, le gouvernement pourrait imposer des contre-tarifs sur un type de plastique sans se rendre compte qu'il est utilisé pour fabriquer des injecteurs pour certains médicaments contre le diabète. «Ce sont les éléments que nous leur signalons afin de nous assurer qu'il n'y a pas de conséquences imprévues», a-t-il déclaré.

Nicole Ireland, La Presse Canadienne