Guerre tarifaire: l'Allemagne et l'Italie prudents dans leurs commentaires publics


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Par La Presse Canadienne, 2024
LA MALBAIE — Les ministres des Affaires étrangères de l'Italie et de l'Allemagne qui sont à Charlevoix pour rencontrer leurs homologues du G7 ont été prudents, jeudi, dans leurs commentaires publics sur la guerre tarifaire entre le Canada et les États-Unis.
Le ministre italien Antonio Tajani a été bref dans sa réponse quand La Presse Canadienne lui a demandé, en anglais, pourquoi l'Italie n'avait pas commenté, jusqu'à présent, l'idée constamment véhiculée par le président des États-Unis, Donald Trump, que le Canada devrait devenir le 51e État américain.
«Je pense que le Canada sera aussi le Canada dans le futur», s'est-il contenté de répondre en anglais quand la question lui a été posée dans cette langue.
Un peu plus tôt, la ministre allemande Annalena Baerbock a suggéré qu'il fallait demeurer calme dans le contexte de guerre tarifaire.
«Nous avons appris, tous ensemble, que, dans ces temps turbulents au niveau géopolitique (...) – particulièrement quand votre cœur bat vraiment (fort) –, il est important de demeurer calme», a-t-elle dit, également en anglais, aux journalistes.
Mme Baerbock et M. Tajani ont, plus tard, rejoint les autres ministres des Affaires étrangères du Groupe des sept (G7) pour un portrait de famille.
La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, qui est l'hôte de cette rencontre, était située au centre de la brochette de dignitaires pour l'occasion.
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio, de même que les représentants du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, du Japon et de l'Union européenne ont pris la pose pour les photographes agglutinés.
Le lieu choisi pour cette démonstration d'unité donnait une vue pittoresque sur le fleuve Saint-Laurent.
Les ministres sont réunis jusqu'à vendredi à La Malbaie pour préparer le terrain au prochain sommet des dirigeants du G7, qui est prévu en juin à Kananaskis, en Alberta.
Le Canada, qui assume la présidence du G7 cette année, souhaite faire de la question de la sécurité en Ukraine l'enjeu prioritaire. D'autres questions sont toutefois sur la table, a souligné Mme Joly en ouverture de la première session de travail de jeudi.
«On a du pain sur la planche», a-t-elle résumé en français, expliquant le sens de cette expression en anglais.
«Nous allons parler de l’Ukraine, du Moyent-Orient, de l’Indopacifique, de l’Afrique, d’Haïti, du Venezuela», a énuméré la ministre avant que les médias reçoivent l'instruction de quitter la pièce pour que la réunion puisse se poursuivre derrière les portes closes.
Durant cette brève déclaration devant la presse, Mme Joly n'a pas mentionné le climat tendu avec l'administration américaine de Donald Trump. La veille, elle a assuré qu'elle comptait soulever ce point dans «chaque réunion».
«Je vais soulever l'enjeu des tarifs, pour coordonner notre réponse avec les Européens et pour mettre de la pression sur les Américains», avait-elle dit depuis Ottawa.
M. Rubio avait, de son côté, fait savoir qu'il ne s'attendait pas à ce que ce dossier soit abordé.
«Ce n'est pas ce dont nous allons parler au G7, et ce n'est pas ce dont nous allons parler durant notre séjour là-bas», a-t-il dit mercredi en s'adressant aux journalistes depuis l'Irlande.
Le secrétaire d'État américain était alors questionné sur l'opinion négative du gouvernement canadien à l'égard de la surtaxe que défend M. Trump, de même que l'indignation d'Ottawa face à l'idée que le Canada devrait devenir le 51e État américain.
«Nous avons beaucoup d'autres choses sur lesquelles travailler», avait conclu M. Rubio.
Les ministres réunis à La Malbaie doivent, selon ce qui est prévu, tenir une conférence de presse vendredi en milieu de journée. Il n'était pas clair, jeudi, comment l'horaire de l'événement pourrait être changé en raison de l'assermentation du premier ministre désigné, Mark Carney, et de son conseil des ministres.
Il est attendu que Mme Joly conserve ses fonctions de ministre des Affaires étrangères, mais il est possible qu'elle doive tout de même se rendre à Rideau Hall pour l'occasion. Ottawa se trouve à environ six heures de route de Charlevoix.
- Avec Dylan Robertson
Émilie Bergeron, La Presse Canadienne