Apprendre une deuxième langue, surtout plus jeune, est bénéfique pour le cerveau
Temps de lecture :
2 minutes
Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Le bilinguisme rend le cerveau plus efficace, surtout s’il est acquis en bas âge.
C’est la conclusion à laquelle en vient une étude menée par des scientifiques de l’Institut neurologique de Montréal, affilié à l’Université McGill, l’Université d’Ottawa et l’Université de Zaragoza en Espagne.
Les scientifiques ont ainsi recruté 151 personnes parlant soit le français, soit l’anglais, soit les deux langues – acquises à des âges différents – et les ont soumis à des examens d’imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle (IRMf) afin de vérifier la connectivité du cerveau en entier plutôt que de se concentrer sur des régions précises, comme ce fut le cas d’études antérieurs sur le bilinguisme.
Plus de connectivité
Les chercheurs ont ainsi constaté que les sujets bilingues présentaient une plus grande connectivité entre les régions du cerveau que les sujets unilingues et que cette connectivité était plus forte chez ceux ayant acquis leur deuxième langue à un plus jeune âge. Ce phénomène était particulièrement marqué entre le cervelet et le cortex frontal gauche.
«Nos travaux donnent à penser que l’apprentissage d’une deuxième langue pendant l’enfance aide à développer une organisation cérébrale plus efficace au plan de la connectivité fonctionnelle», a indiqué Zeus Gracia Tabuenca, auteur principal de l’étude.
«Selon les résultats, plus l’expérience de la seconde langue est précoce, plus grande est l’étendue des zones cérébrales impliquées dans la neuroplasticité. D’où l’observation d’une connectivité accrue du cervelet avec le cortex lors d’expositions précoces à une seconde langue.»
Le concept de neuroplasticité désigne la capacité du cerveau à établir des connexions à l’intérieur de lui-même, en s’adaptant à son environnement. La plasticité du cerveau est maximale pendant l’enfance, avec la formation de nouvelles voies en réaction à des stimuli tels que le langage.
L'attention et le vieillissement y gagnent
Ces résultats recoupent ceux d’études antérieures selon lesquelles les régions du cerveau ne travaillent pas isolément, mais en interaction avec d’autres pour comprendre et produire le langage. L’étude a aussi révélé que l’efficacité de l’ensemble du cerveau favorise les performances cognitives.
D’après des études du passé, l’apprentissage d’une seconde langue peut avoir un effet positif sur l’attention, le vieillissement en bonne santé et même la récupération après une lésion cérébrale. Cette nouvelle étude vient préciser davantage le rôle du bilinguisme par rapport à la cognition, en montrant une plus grande efficacité de la communication entre les régions du cerveau.
Les résultats de l’étude ont été publiés dans Communications Biology la semaine dernière.
Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne