40 % des Canadiens craignent de perdre leur emploi, selon un sondage Léger


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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Un nouveau sondage révèle que 40 % des Canadiens craignent de perdre leur emploi, car de nombreuses entreprises réduisent leurs plans d'embauche en raison de l'incertitude commerciale.
Le sondage Léger, mené auprès de plus de 1500 adultes canadiens du 7 au 10 mars, indique que les répondants ayant un emploi en Ontario sont les plus inquiets (53 %) et ceux du Canada atlantique les moins inquiets (23 %).
Trente-neuf pour cent des personnes en Colombie-Britannique, au Manitoba et en Saskatchewan ont déclaré craindre de perdre leur emploi, comparativement à 35 % en Alberta et à 26 % au Québec.
Le sondage ayant été réalisé en ligne, aucune marge d'erreur ne peut lui être attribuée.
Le sondage montre que les hommes (44 %) sont plus préoccupés par une perte d'emploi que les femmes (36 %). Il indique également que les personnes âgées de 18 à 34 ans et de 35 à 54 ans (42 % dans les deux cas) sont plus préoccupées que celles de 55 ans et plus (34 %).
La tendance concernant les inquiétudes liées à la perte d'emploi a fluctué depuis le début de l'année. Elle a commencé par un creux de 36 % la semaine du 26 janvier et a atteint un sommet de 42 % la semaine du 25 février.
Le sondage indique que 61 % des personnes interrogées qualifient la situation financière de leur ménage de «bonne» et que 46 % d'entre elles vivent d'un chèque de paie à l'autre. Le portrait est un peu plus rose au Québec, alors que ces proportions sont de 71 % et 35 %, respectivement.
Andrew Enns, vice-président directeur du centre du Canada chez Léger, affirme que l'inquiétude des gens à l'égard de la perte d'emploi est négative pour l'économie, car ils risquent de reporter leurs décisions de dépenses.
M. Enns a indiqué que le niveau d'inquiétude le plus élevé en Ontario est probablement dû aux récentes élections provinciales et aux messages diffusés par les politiciens concernant les droits de douane du président américain Donald Trump et leurs répercussions potentielles sur leur situation d'emploi.
Selon M. Enns, ce qui ressort de ces données, c'est que le nombre de personnes «très» préoccupées a augmenté. La semaine du 3 mars, 39 % des répondants ont déclaré craindre de perdre leur emploi, dont 11 % se disant «très» inquiets. Lors du dernier sondage, 15 % des personnes qui se sont déclarées inquiètes ont indiqué qu'elles étaient «très» préoccupées par la perte de leur emploi.
M. Enns a affirmé que, si les entreprises procèdent à des licenciements massifs en raison des droits de douane américains, cela pourrait avoir une incidence sur le niveau d'inquiétude des répondants dans les semaines à venir.
De nouvelles données de la Banque du Canada suggèrent que 40 % des entreprises réduisent leurs plans d'embauche et d'investissement en raison de l'incertitude commerciale accrue.
Les marchés sont en chute libre depuis que le président Trump a commencé à mettre en place son programme massif de droits de douane. Mercredi, ceux-ci ont touché tous les pays, y compris le Canada, avec des droits de douane de 25 % sur les importations d'acier et d'aluminium.
Certains secteurs particulièrement touchés
Les données de la Banque du Canada, fondées sur des sondages menés auprès d'entreprises et de consommateurs du 29 janvier au 28 février 2025, révèlent que les inquiétudes quant à la sécurité d'emploi sont fréquentes chez les personnes travaillant dans des secteurs qui dépendent des exportations vers les États-Unis.
On a demandé aux répondants comment, selon eux, leur sécurité d'emploi serait affectée si les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis se détérioraient.
Les secteurs où la plus grande proportion de travailleurs ressent une insécurité d'emploi sont les mines, le pétrole et le gaz (73 %) ainsi que l'industrie manufacturière (59 %).
Les personnes travaillant dans les secteurs de la finance, de l'assurance, de l'immobilier, de l'agriculture et de la foresterie sont elles aussi grandement préoccupées par leur sécurité d'emploi (48 %).
Bea Bruske, la présidente du Congrès du travail du Canada, craint des vagues de licenciements dans tout le pays si les droits de douane sont maintenus.
«Bien que le nombre de licenciements ait été relativement faible jusqu'à présent dans les différents secteurs, les employeurs ont fait savoir aux syndicats qu'ils s'inquiétaient de ce que l'avenir leur réservait et que des licenciements pourraient avoir lieu. Les employeurs eux-mêmes sont également incertains», a-t-elle déclaré.
Selon Mme Bruske, il est également inquiétant de constater que certaines entreprises, principalement dans le secteur manufacturier, ne reçoivent pas autant de commandes que d'habitude de la part de clients américains.
L'organisme professionnel de l'industrie des sondages, le Conseil de recherche et d'intelligence marketing canadien, indique qu'une marge d'erreur ne peut être attribuée aux sondages en ligne, car ils ne sont pas échantillonnés de manière aléatoire.
- Avec la collaboration de Kelly Geraldine Malone.
Catherine Morrison, La Presse Canadienne